Les indicateurs décryptés pour piloter efficacement

Coaching Agile
Tiphanie Vinet
Tiphanie Vinet

NSM, OKR, KPI, Healthy Metrics, Vanity Metrics, AARRR, HEART... Ces acronymes te donnent le vertige ? Rassure-toi, 2025 est l’année où tout devient clair.

Voici une antisèche pratique pour comprendre et optimiser l’utilisation des indicateurs clés en fonction de ta stratégie.

1. Comprendre les différents types d’indicateurs

NSM (North Star Metric)

Si ta vision produit est ta destination, la North Star Metric (NSM) est la boussole qui te permet de garder le bon cap pour y arriver. C’est LE chiffre qui reflète la santé et la croissance durable de ton produit en lien direct avec ta stratégie.

En optimisant cette métrique, tu assures une croissance alignée sur les besoins de tes clients tout en priorisant les efforts de ton équipe. La NSM est un leading indicator, un indicateur qui regarde vers l’avenir, contrairement aux lagging indicators qui analysent le passé.

Exemple : Le revenu est un lagging indicator. Si tu constates que ton chiffre d’affaires a augmenté, tu sais que tes efforts passés ont payé, mais cela ne te dit pas concrètement comment continuer à croître. À l’inverse, une NSM t’offre une vue proactive sur ce qui alimente cette croissance et où concentrer tes efforts.

Prenons l’exemple de Shopify. Sa North Star Metric est le nombre de commerçants actifs. Cet indicateur inclut :

  • Les nouveaux commerçants qui rejoignent la plateforme.
  • Ceux qui étaient actifs le mois dernier.
  • Ceux qui reviennent après une période d’inactivité.

En suivant ces dimensions, Shopify sait où mettre ses efforts pour :

  1. Acquérir de nouveaux commerçants.
  2. Améliorer la rétention des commerçants existants.
  3. Réengager ceux qui se sont éloignés.

En résumé, ta vision produit est qualitative et long terme, alors que ta North Star Metric est quantitative et mesure précisément ton avancée vers cette vision. C’est un outil clé pour aligner ton équipe, prioriser tes actions et prendre des décisions éclairées sur ton produit.

Pourquoi c’est puissant ? Parce qu’en pilotant avec une NSM, tu ne perds jamais de vue ce qui compte vraiment pour le succès de ton produit et de ton entreprise.

OKR (Objectives and Key Results)

Les OKR sont au cœur de ta stratégie d’innovation et de changement. Ils te permettent de fixer des ambitions claires (Objectifs) et de mesurer précisément les impacts recherchés (Key Results). Ce cadre est particulièrement adapté pour les initiatives qui nécessitent une vision audacieuse et un suivi rigoureux.

Pourquoi adopter les OKR ?

  • Alignement : Les OKR permettent à ton équipe de se concentrer sur ce qui compte vraiment, en alignant les efforts individuels sur des objectifs communs.
  • Ambition : Ils poussent à viser haut, souvent au-delà des attentes habituelles.
  • Mesurabilité : Les Key Results chiffrés te permettent de suivre tes progrès en temps réel.

Exemple concret :

  • O : Accroître fortement l’usage de notre produit.
  • KR1 : Atteindre 1 000 utilisateurs actifs.
  • KR2 : Obtenir une note moyenne de 4,6 sur les stores.

Ce cadre est particulièrement utile dans la phase Build de ta stratégie, lorsque tu cherches à développer de nouvelles fonctionnalités ou à élargir ton audience.

⚠️ Attention aux pièges :

  • Évite de fixer trop d’objectifs à la fois. Une équipe efficace se concentre sur 3 à 5 OKR maximum par trimestre.
  • Assure-toi que les Key Results sont bien chiffrés et mesurables. Un objectif sans métrique claire risque de devenir un vœu pieux.

KPI (Key Performance Indicators)

Les KPI mesurent la performance opérationnelle et t’aident à évaluer si ton produit ou ton équipe atteint les résultats escomptés. Contrairement aux OKR, ils ne sont pas là pour fixer une ambition, mais pour suivre la santé de ton business au quotidien.

Deux types de KPI :

  1. Lagging KPI : Ce sont les résultats mesurés après coup, comme le chiffre d’affaires ou la rentabilité. Ces indicateurs te montrent où tu te situes par rapport à tes objectifs globaux.
    Exemple : Ton chiffre d’affaires trimestriel ou ton taux de churn.
  2. Leading KPI : Ils te donnent une vision en temps réel de ta performance opérationnelle et te permettent d’anticiper les résultats à venir.
    Exemple : Le nombre de leads générés, le temps moyen de réponse du support client.

Pourquoi ils sont essentiels ?

  • Surveillance : Les KPI te permettent de garder un œil sur les performances critiques de ton produit ou de ton équipe.
  • Réactivité : Les leading indicators, en particulier, te donnent la possibilité d’ajuster tes efforts avant qu’un problème ne devienne critique.

⚠️ Attention aux pièges :

  • Ne confonds pas KPI et OKR. Les KPI mesurent l’existant, tandis que les OKR visent une ambition future.
  • Évite les KPI trop nombreux ou inutiles : chaque indicateur doit avoir une utilité claire et contribuer à ta prise de décision.

Healthy Metrics

Les Healthy Metrics sont souvent négligées, mais elles jouent un rôle clé dans la durabilité de ton produit et de ton équipe. Elles mesurent l’état de santé général de ton écosystème, qu’il s’agisse des aspects humains ou techniques.

Deux catégories principales :

  1. Humain : Ces métriques évaluent le bien-être de ton équipe.
    Exemples :
    • Niveau de satisfaction des employés.
    • Taux de rotation du personnel.
    • Niveau d’engagement dans les projets.
  2. Système : Ces indicateurs mesurent la fiabilité de ton infrastructure ou de ton produit.
    Exemples :
    • Nombre de bugs critiques détectés.
    • Temps moyen de résolution des incidents.
    • Disponibilité des serveurs (uptime).

Pourquoi les Healthy Metrics sont cruciales ?

  • Prévention : Elles te permettent d’identifier et de résoudre les problèmes avant qu’ils ne deviennent critiques.
  • Soutien : Une équipe en bonne santé et un système fiable sont indispensables pour atteindre tes objectifs stratégiques.

⚠️ Attention aux pièges :

  • Ne minimise pas les signaux d’alerte dans les métriques humaines. Une équipe démotivée ou en surcharge peut avoir des conséquences graves sur la performance globale.
  • Mets en place des processus pour surveiller ces indicateurs régulièrement et agir rapidement en cas de besoin.

Vanity Metrics

Comme son nom l’indique, les Vanity Metrics flattent… l’égo. Ces indicateurs peuvent être impressionnants sur le papier, mais n’apportent pas de réelle valeur pour ton produit ou ton business.

Exemple : Imagine que tu annonces fièrement avoir 1 million d’utilisateurs sur ton application. Mais en creusant, tu réalises que seuls 1 000 utilisateurs sont actifs chaque mois. La différence est flagrante : si la communication de ton entreprise peut se baser sur ce "million" pour impressionner, ta rétention est en réalité catastrophique.

⚠️ Ne te laisse pas berner par ces chiffres pour prendre des décisions stratégiques. Ils doivent rester dans la sphère de la communication, pas dans celle de la gestion.

2. Choisir le bon framework selon ta stratégie produit

En fonction de l’étape où se trouve ton produit, deux frameworks peuvent guider tes indicateurs :

AARRR (Acquisition, Activation, Rétention, Recommandation, Revenu)

Créé par Dave McClure, le framework AARRR est une référence incontournable pour les stratégies de growth hacking et de marketing produit. Il te permet de suivre ton produit tout au long du parcours client et d’identifier où concentrer tes efforts pour stimuler la croissance.

Voici comment chaque étape fonctionne :

  1. Acquisition : Comment tes utilisateurs découvrent-ils ton produit ?
    Exemple : Nombre d’utilisateurs inscrits via une campagne publicitaire.
  2. Activation : Comment les premiers contacts avec ton produit se traduisent-ils en engagement ?
    Exemple : Taux de complétion d’un onboarding ou utilisation d’une fonctionnalité clé dans les 7 premiers jours.
  3. Rétention : Comment fidéliser tes utilisateurs sur le long terme ?
    Exemple : Taux de retour hebdomadaire ou mensuel.
  4. Recommandation : Comment tes utilisateurs partagent-ils ton produit avec leur réseau ?
    Exemple : Nombre de parrainages ou partages sur les réseaux sociaux.
  5. Revenu : Comment ton produit génère-t-il des revenus ?
    Exemple : Taux de conversion des essais gratuits en abonnements payants.

Le framework AARRR est particulièrement efficace pour analyser les points faibles de ton produit et mettre en place des actions concrètes pour améliorer chaque étape du parcours utilisateur.

HEART (Happiness, Engagement, Adoption, Retention, Task Success)

Le framework HEART, développé par Google, est centré sur l’expérience utilisateur (UX). Contrairement à AARRR, qui s’adresse principalement aux équipes marketing et growth, HEART s’adresse aux équipes produit, développement et satisfaction client.

Voici ce que mesure chaque dimension :

  1. Happiness (Satisfaction) : Mesure le ressenti des utilisateurs.
    Exemple : Taux de satisfaction via un questionnaire ou une note sur les stores.
  2. Engagement : Évalue la fréquence et la profondeur de l’utilisation.
    Exemple : Temps passé sur une fonctionnalité clé ou fréquence d’utilisation hebdomadaire.
  3. Adoption : Mesure l’utilisation des nouvelles fonctionnalités.
    Exemple : Pourcentage d’utilisateurs ayant adopté une fonctionnalité après son lancement.
  4. Retention (Rétention) : Indique si les utilisateurs continuent à utiliser ton produit.
    Exemple : Taux de rétention à 30 jours.
  5. Task Success : Évalue si les utilisateurs atteignent leurs objectifs avec ton produit.
    Exemple : Taux de complétion d’une tâche importante, comme passer une commande ou finaliser un paiement.

HEART te permet d’améliorer la qualité de l’expérience utilisateur tout en mesurant le ROI de l’UX. Avec des métriques communes, il facilite la collaboration entre les équipes techniques, produit et satisfaction client.

3. Le maître mot : la frugalité

Avec tous ces indicateurs et frameworks, la tentation est grande de vouloir tout suivre. Mais trop d’indicateurs, c’est comme trop d’informations : tu risques de perdre de vue ce qui est essentiel.

Pourquoi la frugalité est-elle clé ?

  • Simplicité : Moins d’indicateurs rendent la stratégie plus claire et plus compréhensible pour toute ton équipe.
  • Focus : Te concentrer sur quelques métriques prioritaires t’aide à éviter la dispersion et à maximiser ton impact.
  • Efficacité : Une surcharge d’indicateurs complique le suivi et l’analyse, ce qui peut ralentir les décisions importantes.

Comment choisir les bons indicateurs ?

  1. Priorise les métriques qui reflètent tes objectifs stratégiques : Concentre-toi sur celles qui alignent l’équipe et mesurent l’impact réel de tes actions.
  2. Évite les Vanity Metrics : Même si elles flattent, elles n’apportent pas de valeur réelle.
  3. Teste et ajuste : Si une métrique ne t’aide pas à prendre de meilleures décisions, remplace-la.

Petit jeu pour 2025 : Reclasse tes indicateurs

Si tu devais tout revoir, où placerais-tu chacun de tes indicateurs dans ces catégories ? C’est une bonne façon de démarrer l’année en mettant de l’ordre dans ta stratégie.

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